Congé paternité pour une maman lesbienne

Le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Nantes examinera l'affaire lundi.

Basile vient au monde, Elodie demande le congé paternité

par Charlotte ROTMAN
QUOTIDIEN : samedi 21 janvier 2006

Nantes envoyée spéciale

C'est arrivé par courrier, après la naissance de Basile. Une correspondance de la Caisse d'allocations familiales, adressée à «Monsieur Elodie L.», félicitant ce «Cher Monsieur : votre famille s'agrandit», c'est un «moment fort de votre couple», dit la lettre qui accompagne le livret de paternité. Elodie vivait effectivement ce moment joyeux de l'arrivée d'un enfant, mis au monde par sa compagne Karine. Les deux femmes, en couple depuis 1999, ont sauté sur l'occasion : «On nous envoyait un livret de paternité, pourquoi ne pas demander le congé de paternité, qui va avec ?» C'était culotté. Il y a un an et demi, elles ont réclamé ces onze jours de vacances payés par la Sécu pour que les pères profitent de leur nouveau-né. Lundi, le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Nantes se penchera sur leur requête.

Ambiance paisible. On dirait un jour férié. Le chien aboie dans le jardin. Du linge sèche dans le salon, pas loin d'un vieux poêle. Entre deux poutres, un drapeau arc-en-ciel déploie les couleurs emblématiques de la communauté homo. Sur la table ronde, des journaux régionaux et une paire de petites chaussures à lacets. «Maman», appelle une petite tête blonde, en se tournant vers Elodie. «S'il le dit doucement et que je suis à côté, je sais que c'est pour moi, s'il crie plus fort, c'est pour Karine.» «On reconnaît à l'intonation qui il appelle», complète Karine. Quand elles se sont connues en 1999, elles étaient étudiantes et fêtardes. A 20 ans, Karine a parié qu'elle ne serait jamais mère («je savais depuis longtemps que j'étais homo, ce n'était pas cohérent»). Elodie, elle, y pensait : «Cela a toujours été dans ma tête, sans savoir si c'était possible.» C'est elle qui en parle en premier. «Porter un enfant, ce n'était pas mon but, en avoir un, oui.» Décidées, les deux jeunes femmes ne savent pas comment s'y prendre. Elles glanent des infos sur l'Internet. Elles proposent à un ami un projet de coparentalité. «On trouvait très important qu'il ait un papa.» L'ami prend un an pour réfléchir. Au bout du compte, tout le monde tombe d'accord : «Ce n'était pas une bonne idée.»

«Finalement, on ne voulait pas quelqu'un d'extérieur au couple qui aurait son mot à dire.» Elles choisissent l'insémination artificielle, une pratique autorisée en Belgique pour les lesbiennes. A l'époque, Karine, assistante commerciale dans une entreprise de sécurité, a un travail stable ;Elodie, webmaster, venait d'en changer. C'est la première qui portera le bébé. L'insémination réussit au quatrième essai. «Comme tout est médicalisé, les premiers ratages, c'est une claque, se souvient Elodie qui a assisté aux examens, aux échographies, et bien sûr à l'accouchement. A la même époque, mon frère m'a dit que cela avait pris un an avant d'avoir sa fille.»

Le projet parental est tout de même plus coûteux (le forfait de trois inséminations est de 1 100 euros, plus les allers-retours), et plus long. «On se pose plus de question que les familles hétéros», reconnaît Elodie, qui anime un site sur l'homoparentalité. «Est-ce que celle qui le porte sera la "bonne" mère ?» Ou : «Qu'est-ce qu'on lui dira quand il demandera où est son père ?» Voire : «Que se passera-t-il en cas de séparation ou de décès ?» Les deux femmes ont fait attention à ce que leur fils ait de nombreux «référents masculins» : des oncles, des grands-pères, Arnaud, le voisin, qu'il admire jardiner. «On a l'impression qu'il faut qu'on soit irréprochable : pas de fessée, pas de télé, alimentation bio, etc., mais dans la vraie vie, ce n'est pas comme ça.»

Assis sur une chaise haute, le petit garçon ne perd pas une miette de la conversation. Elles organisent régulièrement des rencontres avec d'autres parents homos de la région. «Comme ça, si les enfants veulent en voir d'autres dans la même situation, c'est possible.»

Karine et Elodie (30 et 29 ans) n'ont jamais rencontré d'hostilité. Leur voisine de 70 ans les invite à ses goûters. Leurs parents sont des grands-parents comblés, «gagas», dit Elodie. Les uns gardent Basile plusieurs fois par semaine, les autres, qui habitent plus loin, communiquent avec lui via webcam. L'équipe médicale de la clinique nantaise où Basile est né les a choyées. Une puéricultrice s'est laissée aller à une confidence : «Ma cousine a fait pareil.» L'employeur d'Elodie a changé son règlement intérieur pour qu'elle puisse prendre des jours «enfants malades», quand il le faut. Karine et Elodie vivent librement leur amour, dans leur maison blanche et bleue de la région nantaise. Preuve s'il en faut que l'homoparentalité ne concerne pas que les bobos-Parisiens-militants comme croient le savoir certains députés de droite. (1) «On habite ensemble, on est pacsées, on forme un foyer fiscal.» Elles peinent pourtant à être totalement reconnues comme couple et parents par l'administration. «La famille reste institutionnelle, taboue», déplore Karine. «Il suffirait d'appeler le congé paternité "congé du deuxième parent" ou "du deuxième partenaire"», suggère le couple, qui a obtenu le soutien des socialistes de Loire-Atlantique.

Pourtant, il n'y a guère de chance que le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Nantes leur donne raison. Lundi, Claude Frémont, directeur de la CPAM de Nantes en personne, viendra rappeler la loi : le congé paternité est attribué au père. «Je veux bien qu'il en soit autrement, qu'on donne le congé paternité à une femme, complète Claude Frémont, mais alors c'est au législateur de changer la loi.»

Karine et Elodie attendent un deuxième enfant. Cette fois, c'est Elodie qui s'est fait inséminer, avec les paillettes du même donneur, conservées exprès, un «Viking» aiment-elles penser de ce donneur anonyme danois. La petite fille devrait naître le mois prochain. Karine prendra les trois jours octroyés par son entreprise pour une naissance au foyer, et elle complétera par des jours de congé payés, «pour faire autant qu'un congé paternité».

(1) Certains ont signé en masse un manifeste pour «le droit fondamental de l'enfant d'être accueilli et de pouvoir s'épanouir dans une famille composée d'un père et d'une mère», (Libération du 13 janvier). Vendredi, 50 maires de grandes villes ont également pris position contre le mariage homosexuel, revendiquant la signature de près de 12 000 élus.

je surveille de près, ce sont des nanas que l'on connait via un forum qu'elles animent sur l'homoparentalité (on souhaite rencontrer des parents homos pour que nathan ne se sente pas isolé).

chapeau à l'employeur d'élodie en tout cas ! bravo

j'espère que la loi changera aussi à ce niveau, que la france se dépoussière un peu !

Là, non, faut pas abuser, les mots ont un sens, une femme ne peut pas demander un congé PATERNITE.

Par contre l'administration. a fait n'importe quoi aussi : à la naiossance de Basile elle a envoye la lettre standart : "Cher Monsieur, votre famille s'agrandit, c'est un moment fort de votre couple...» (le logiciel des allocs ne connait pas les couple M. et M. ou Melle et Melle, donc Karine est "Monsieur" pour les allocs).
Aussi le directeur de la CAF de Nantes qui en rajoute : «Nos considérations ne sont pas d'ordre moral, insiste-t-il. Nous ne faisons qu'appliquer une loi disant que les congés paternité sont attribués au père de l'enfant. Aux dernières nouvelles, un papa ne peut pas être une maman ! Cet enfant a un père biologique. S'il demande des congés, nous lui attribuerons.»

Qu'on donne les onze jours de congés au deuxième parent, indépendemmant du sexe, mais demander un congé paternité, c'est digne d'une opération kamikaze.

Enfin bref, voila le genre de situation ubuesques auxquels on arrive quand les textes de lois ne suivent pas l' évolutions des moeurs et des faits...

coucou johan,
je me permets de te repondre : elles savent tres bien que "congé paternité" c'est pour le père : elles se battent justement pour que les termes soient revus afin de pouvoir en beneficier ; d'autant que ce droit est donné aux personnes en couple, en dehors de toute notion de mariage ou concubinage, et qu’il existe aussi hors filiation, dans le cas de l’adoption par un père donc non biologique.

J'ai un lien pour signer la petition qui est destinée à les soutenir, ainsi que le texte de loi contre lequel elles se battent, et le texte qu'elles sont rédigé afin d'expliquer leur démarche, si ça t'intéresse, mais je ne pense pas avoir le droit de le donner ici. perplex

bizzzz

magno a écrit:: J'ai un lien pour signer la petition (...) mais je ne pense pas avoir le droit de le donner ici.
bizzzz

Sisi, balance, balance...

magno a écrit:: J'ai un lien pour signer la petition

J'veux signer! bagarre2

Idem, j'veux bien signer, j'veux bien aussi le lien de leur forum.

Invité

Johan a écrit:: Là, non, faut pas abuser, les mots ont un sens, une femme ne peut pas demander un congé PATERNITE.

Par contre l'administration. a fait n'importe quoi aussi : à la naiossance de Basile elle a envoye la lettre standart : "Cher Monsieur, votre famille s'agrandit, c'est un moment fort de votre couple...» (le logiciel des allocs ne connait pas les couple M. et M. ou Melle et Melle, donc Karine est "Monsieur" pour les allocs).
Aussi le directeur de la CAF de Nantes qui en rajoute : «Nos considérations ne sont pas d'ordre moral, insiste-t-il. Nous ne faisons qu'appliquer une loi disant que les congés paternité sont attribués au père de l'enfant. Aux dernières nouvelles, un papa ne peut pas être une maman ! Cet enfant a un père biologique. S'il demande des congés, nous lui attribuerons.»

Qu'on donne les onze jours de congés au deuxième parent, indépendemmant du sexe, mais demander un congé paternité, c'est digne d'une opération kamikaze.

Enfin bref, voila le genre de situation ubuesques auxquels on arrive quand les textes de lois ne suivent pas l' évolutions des moeurs et des faits...

Euh....je suis d'accord avec Johan..c'est complétement con d'avoir demandé un congé paternité sous-prétexte qu'elles ont reçus le papier ! ok, pour changer la loi, que les "MR et MR" et "Melle et Melle" ont les même droits que "MR et MME"! ça je suis 100 % d'accord....mais c'est sacrément culotté d'avoir demandé un congé paternité, elles vont se faire avoir et à mon sens les autorités vont le prendre comme du "foutage de gueule" !
et je trouve qu'en faisant ça, les gens qui ont un cerveau aussi devellopé qu'un moineau (je parle des cons, des idiots, des intolérants, des homophobes etc..), vont se dire dans leur cervelet sous-developpé
"tiens vlà, les gouines qui se prennent pour des bonhommes..."

Invité

Ceci dit, je veux bien signer pour changer cette P**** de loi !!

Invité

quoique, en réfléchissant bien...je crois que finalement j'aurais fais la même chose qu'elles, s'il faut provoquer pour faire bouger les choses !!!

(Utilise la fonction "Editer" du forum pour éviter de multiplier les posts les uns à la suite des autres, Mozarella.)

Moi je trouve qu'elles ont très bien fait, au contraire : leur démarche (et l'absurdité de devoir demander un congé de «paternité») met en lumière de façon franchement drôle et efficace le fait que la loi française ignore la situation de 100.000 familles homoparentales en France, contrairement à ce qui se passe dans de nombreux pays voisins.

godwin

les filles et bon courage !

Le lien vers la pétition

désolée, j'étais à ma séance de kiné !

à la demande générale, voici le lien pour signer la petition ; il faut cliquer en bas a droite sur "signer la petition" (non pas que je vous prenne pr des triples buses mais comme c'est pas très evident sur la page je prefere le preciser) :

http://www.enfants-arcenciel.com/petition/php/index.php

lisez également leur texte, c'est très bien rédigé je trouve.

leur forum :

http://www.enfants-arcenciel.com

j'espere que je ne vais pas m'attirer les foudres des modos d'ici !! choc

magno a écrit:: j'espere que je ne vais pas m'attirer les foudres des modos d'ici !!

Je ne pense pas, non... sifflot

Invité

SexToy a écrit:: (Utilise la fonction "Editer" du forum pour éviter de multiplier les posts les uns à la suite des autres, Mozarella.)

merci sextoy...je me demandais comment on faisait (ça fais 7 mois, que je cherche ce truc) embarassé

Et j'ai l'impression que tu as aussi du mal avec les [quote]...

c'est corrigé...

C'est d'autant + legitime comme revendication que la maman naturelle n'est pas considérée par la CAF comme parent isolé du fait qu'elle vive avec sa compagne... donc ne perçoit pas l'allocation de parent isolé...
Donc on considére que sa compagne l'adjoint dans ses fonctions parentales... y compris en termes pecuniers...
Par contre cette femme n'est pas reconnue comme 2eme parent en ce qui concerne le congé paternité (qui pour le coup meriterait l'appellation "congé parentalité"...)... CHERCHEZ L'ERREUR... perplex

Va falloir faire quelque chose pour les couples homoparentaux, en effet...
Ce midi, j'ai écouté une membre de l'UMP sur France 3, elle était bien plus sympa que ses copains qui ont signé la pétition des 174!

coucou,
voila ce que j'ai recu par mail, ca doit trainer dans des journeaux ; ca m'a fait rire qu'à moitié, je suis décue que ce genre de clichés persistent alors que les medias (et notamment TLW) diffusent de + en + une autre image des lesbiennes.
Je precise que je n'ai rien contre le foot, la biere, la télé, les pantoufles, l'OM, les piercings et les couleurs de cheveux approximatives ;o)
Je vous laisse juges :

Congé paternité pour une maman lesbienne Paternite2ok.th

Congé paternité pour une maman lesbienne Paternite2ok.th

«Oh, mais vous n'avez aucun humour, c'est pas possible !» <--- Probable hétérobeauf devant nos récriminations devant ce genre de cliché hétérosexiste.

En même temps, au moins on parle de cette histoire...
Je trouve ça lamentable.

SexToy a écrit:: Je trouve ça lamentable.

C'est clair...

Et puis j'ai un pote homo qui vient d'écrire ça à propos de cette histoire :

Citation :: Moi j'aime pas cette manière de faire, de "se servir du mec" pour avoir son sperme pour avoir un enfant et après de faire en sorte que l'autre meuf puisse avoir le statut "de paternité" alors qu'elle est en rien à la conception de l'enfant.

Donc dans un sens, je suis pas plus d'accord que ça avec les deux meufs de l'article et ce qu'elle demande. C'est pas son enfant à l'autre, même si elle l'élève. C'est pas le père et le père, on le met pas au placard, après l'enfant, il va plus rien comprendre le pauvre.

:pompom: Vive les enfants avec un papa et une maman :pompom:

Ca m'a carrement déçu, surtout venant d'un homo...

Citation :: Vive les enfants avec un papa et une maman

Vive les enfant avec 2 mamans ou 2 papas, non aux enfant à la DDASS

tu diras a ton pote que les filles sont allées ds nue clinique belgen, où les mecs donnent leur sperme en tte connaissance de cause, et justement ils vont y faire des dons pour aider les couples, homos et heteros, qui vont ds cette clinique, à devenir parents
jamais elles ne se sont servies de quiconque pr avoir leurs enfants
je ss un peu nrv car je les connais, je viens encore de lire leurs posts et je les trouve admirables.

Johan a écrit:

Citation :: Vive les enfants avec un papa et une maman

Vive les enfant avec 2 mamans ou 2 papas, non aux enfant à la DDASS

Ouais c'est clair, j'lui ai donné mon avis mais lui ne voit pas les choses comme ça, un autre post de lui à ce sujet :

Citation :: Sauf que dans la logique, l'autre fille, c'est pas sa plus sa maman que ça niveau conception de l'enfant, même si elle vit en couple avec l'enfant et peut l'élèver, elle lui a pas donné naissance donc je vois pas en quoi elle aurait le STATUT ADMINISTRATIF de deuxième maman (ou alorq u'on la précise dedans sans pour autant la faire remplacer par la présence du père, on a trop tendance chez les couples lesbiennes avec enfant à zapper celui qui lui à donner naissance : le mec qu'on appelle père enfin sauf chez les lesbiennes car le mot père ça n'existe pas lol). Je parle de statut, après si l'enfant appelle l'autre fille maman, ça je suis pas contre, mais je parle bien ADMINISTRATIF, pour moi c'est pas la mère l'autre. Faut aussi bien comprendre à l'enfant qu'il a un père sinon il va rien capter et je le vois bien à l'école plus tard "beh non j'ai pas de papa, c'est quoi ça un papa ??? C'est quoi cette chose ?" mdr. Non faut pas déconner non plus. Bref ce que je veux pas c'est d'ignorer ce père qui a conçu l'enfant en le remplaçant dans les papiers par l'autre femme, c'est trop facile je trouve et j'aime pas ce genre de procéder. Après si le mec accepte de donner ses graines et de faire comme si il était pas le père, qu'il ignore son enfant qui est quand même le sien à la base, c'est qu'il est bien con !!

lol tu lui expliqueras le principe des banques de sperme!

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