Plop DJ Carmen's Musics
Nombre de messages : 1301 Localisation : Paris Date d'inscription : 03/05/2006
| Sujet: Re: avez vous d'autres mots pour dire lesbienne?? Mer 17 Mai - 12:30 | |
| - Véro a écrit:
- Extrait de l'introduction de mon mémoire :
- Citation :
- Pourquoi préférer le terme « lesbienne » au terme « homosexuelle »?
Si le mot « lesbienne » est apparu au Moyen-âge à propos de Sapho, la poétesse de Lesbos - qui donnera donc deux dénominations pour qualifier les amours entre femmes, « lesbienne » et « saphique » - ce n'est qu'au XIX° siècle qu'il réapparaît pour cette fois qualifier la « tribade ». Le mot est alors chargé de connotation psychiatrique dans une société religieuse, conservatrice et moralisatrice où l'homosexualité (sexualité sans fins reproductives) est contre-nature et donc psychiatrisée. Dans les années 1970, à l'heure des mouvements féministes et homosexuels qui secouent une France jugée trop conservatrice, les militantes féministes homosexuelles vont s'approprier le terme de « lesbienne », le vidant de son poids psychiatrique pour le charger d'un sens politique. « Lesbienne » est donc préféré au terme « homosexuelle » qui qualifie la simple préférence pour les personnes de même sexe. Et puis, vers la fin des années 1980, « le lesbianisme […] perd un peu de sa dimension politique et se trouve subsumé dans l'homosexualité "gay et lesbienne". »
Les « cultural studies » ou « gender studies » sont majoritairement anglo-saxonnes, loin de nos « universités straight » , du fait de l'absence de genre de leur langue, « homosexual » n'ayant pas de féminin, le terme « lesbian » est le terme usité pour qualifier la tribade, la saphique, etc… De nos jours, le terme venu de la langue anglo-saxonne « gay » qualifie l'homosexuel qui s'auto-définit ainsi, qui « s'assume » pour reprendre un terme à la mode d'une époque où le « coming-out » est une sorte de rite de passage tribal qui va faire sortir de l'ombre, du « placard », de sa chrysalide, l'homosexuel affranchi. De la sorte, le mot « lesbienne » peut tout à fait revêtir ces mêmes attributions selon qu'il est utilisé en auto-définition ou bien en définition d'autrui. A mon sens, dire « je suis lesbienne » n'a pas la même charge émotionnelle que dire « je suis homosexuelle » ou d'entendre dire « elle est lesbienne ». Dans « je suis homosexuelle », j'entends ce qu'entendaient les militantes lesbiennes des années 70 : « mes préférences affectives et/ou sexuelles vont vers les femmes ». Derrière « elle est lesbienne » et selon le ton utilisé, peuvent se cacher moultes connotations plus ou moins péjoratives, crues ou politiques : « lesbienne / gouine / brouteuse » ou bien « lesbienne / féministe / militante / révolutionnaire ». Pour ma part, dans « je suis lesbienne », j'entends « je revendique l'identité et me définis comme m'apparentant aux codes, aux revendications, à la culture, à l'histoire des lesbiennes de par les âges et de par le monde ». C'est donc dans une approche politico-militante et étudiante que je préférerai le terme « lesbienne » à celui d' « homosexuelle ».
As-tu déjà publié ta thèse Véro ? Est-il possible de se la procurer ? Ca doit etre super intéressant !! | |
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