1. — Aux temps bibliques
Devant l'ampleur actuelle du phénomène homosexuel, on pourrait croire que l'homosexualité n'a jamais eu plus d'adeptes qu'aujourd'hui. Pourtant, l'histoire de l'homosexualité est vieille comme le monde !
Même aux temps bibliques, cette orientation sexuelle était déjà fréquente. Selon la tradition, Sodome et Gomorrhe, par exemple, furent détruites par le soufre et le feu notamment à cause de leur "dépravation homosexuelle".
On trouve dans presque toutes les civilisations anciennes des fragments de textes attestant d'une activité homosexuelle. Certaines sociétés encourageaient cette orientation sexuelle, d'autres l'acceptaient avec indifférence, et quelques-unes enfin lui étaient franchement hostiles.
2. — Dans la Grèce antique
De toutes les cultures, c'est probablement celle de la Grèce antique qui a vu s'épanouir le plus librement l'homosexualité. Chez les Grecs, en effet, la "paiderasteia", comme on l'appelait, était très largement répandue. Le peuple grec faisait toutefois une distinction importante entre ce que nous appelons aujourd'hui homosexualité et pédérastie.
La pédérastie (amour entre un homme et un jeune garçon) était fortement encouragée, alors que l'homosexualité (l'amour entre deux hommes) était plutôt considérée avec mépris. Les Grecs avaient en effet le culte des beaux garçons, qu'ils voyaient évoluer, nus, dans les gymnases et les palestres. Le culte du corps était alors poussé à l'extrême.
On allait en groupe voir les jeunes garçons pratiquer l'art de la guerre ou se préparer en vue des jeux olympiques, et il n'était pas rare qu'un homme assez âgé tombe amoureux fou d'un jeune Adonis. Si celui-ci acceptait de partager cet amour, il recevait en échange protection et respect.
Ces garçons devaient toutefois être dans la fleur de l'âge ; dès qu'apparaissaient les premiers signes de la puberté, leur séduction disparaissait. Les poils, entre autres, étaient très redoutés.
L'apparence extérieure était en effet primordiale. On recherchait des garçons à l'apparence un peu féminine, mais avec un corps d'athlète accompli.
Les Grecs n'étaient pas les seuls à aimer les caractéristiques sexuelles des jeunes garçons. Les Perses avaient une façon bien à eux de conserver aux mâles leur jeunesse : ils les castraient. Ces jeunes, choisis parmi les prisonniers de guerre ou les esclaves, devenaient les mignons des rois ou des riches marchands. Leur voix ne muait pas, ils n'avaient pas de poils, et leur stérilité en faisaient des eunuques de choix pour les nombreux harems de la Perse.
3. — Chez les Romains
L'Église de la Rome chrétienne avait aussi ses eunuques. En effet, on avait coutume de castrer un groupe de jeunes garçons afin qu'ils conservent leur voix aiguë d'enfant, et on les faisait ensuite chanter pendant les offices. Ils portaient le joli nom de "Castrats de la Chapelle Sixtine".
Avant l'avènement de la chrétienté, certains Romains considéraient l'homosexualité avec étonnement. Dans un traité du VIe siècle avant Jésus-Christ portant sur les animaux et les personnes bizarres, l'auteur relate sa rencontre avec un homosexuel de type passif : "J'ai rencontré un homme qui avait les deux sexes à la fois, malgré que son visage et son torse aient l'apparence masculine (...). Il séduisait les hommes et préférait le rôle passif féminin lors des relations sexuelles. On dit que cela arrive souvent chez les humains".
Les Romains n'étaient pas les seuls à discerner le rôle passif et actif chez les homosexuels. Chez les anciens Danois, on utilisait un sobriquet pour désigner un homme efféminé qui jouait le rôle passif lors des relations homosexuelles. C'était une source de fierté de pouvoir affirmer qu'on avait soumis un autre homme à l'acte sexuel et ainsi joué le rôle "mâle". Le partenaire devenait alors la risée générale et pouvait difficilement se relever de son humiliation.
Aussi étrange que cela puisse paraître, on retrouve le même phénomène chez les babouins ! En effet, lorsque deux mâles se battent, le premier qui s'avoue vaincu présente son dos au vainqueur pour être monté par celui-ci en signe de victoire. Le vaincu se "soumet" alors aux "privilèges du vainqueur".
5. — Aux temps modernes
Ce n'est qu'après le XVIIIe siècle qu'on commença à parler d'homosexualité comme d'une maladie. Un dénommé Karl Heinrich Ulrichs expliqua qu'on naissait homosexuel, comme on naît homme ou femme. Cesare Lombroso déclara pour sa part que l'homosexuel représentait l'échelon le plus bas de la race humaine. D'autres pensaient qu'ils étaient tous nés pervers ou criminels.
Les homosexuels en ont donc vu de toutes les couleurs depuis le commencement du monde. De l'acceptation totale jusqu'au rejet le plus complet, ils ont été ballottés d'un extrême à l'autre et demeurent pourtant une minorité importante aujourd'hui. On les retrouve à tous les échelons, dans presque toutes les sociétés, et rien ne permet d'affirmer, quand on ne les oblige pas à la clandestinité, qu'ils soient plus mauvais citoyens que quiconque.