En déclarant au Sénat, que « l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH », Nora Berra a prononcé la phrase de trop.
C’est à l’occasion d’une discussion sur le don d’organe, dans le cadre du projet de loi relatif à la bioéthique, le 30 mars dernier, que la secrétaire d’État à la Santé a justifié l’exclusion des homosexuels du don d’organes par cet argument discriminatoire.
Son intervention a eu lieu alors que les sénateurs abordaient un amendement déposé par les élus socialistes et qui affirmait que « nul ne peut être exclu du don en raison de son orientation sexuelle ».
« RISQUE SANITAIRE AVÉRÉ »
Alain Milon (UMP), le rapporteur de la loi, venait de lancer la discussion quand la ministre a expliqué qu’il ne s’agissait pas « d’exclusion mais de contre-indication, qui s’explique par un risque sanitaire avéré ». Jusque-là, tout va bien.
Alain Milon insiste: « Je comprends la ministre, mais c’est au médecin d’apprécier une contre-indication et l’orientation sexuelle ne saurait motiver une exclusion du don ».
D’autres sénateurs interviennent, dont Jean-Pierre Godefroy (PS) qui explique que « les homosexuels ne peuvent donner un organe ». C’est alors que Nora Berra justifie l’exclusion en ces termes: « La loi ne discrimine personne mais prend en compte les données épidémiologiques, selon lesquelles par exemple l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH, donc une contre-indication de don. » (lire page suivante l’intégralité des échanges sur cet amendement).
XAVIER BERTRAND VA-T-IL RECADRER SA SECRÉTAIRE D’ÉTAT?
Faut-il rappeler à Nora Berra que ce n’est pas l’orientation sexuelle mais bien les comportements à risque qui sont en cause dans la transmission du VIH? Déjà en mai 2006, son ministre de tutelle, alors ministre de la Santé, Xavier Bertrand, avait déclaré qu’il souhaitait que ne soit plus évoqués les « groupes à risque » mais les « pratiques à risque ». Avant de confirmer quelques semaines plus tard l’exclusion des homosexuels du don du sang tout en soulignant: « L’homosexualité ne constitue bien évidemment pas en soi un critère d’exclusion du don du sang ». Xavier Bertrand va-t-il recadrer sa secrétaire d’État?
Exclu du don du sang, les homosexuels masculins le sont tout autant du don d’organes, et les autorités sanitaires le justifie en raison d’une prévalence de l’infection par le VIH beaucoup plus élevée que dans la population hétérosexuelle. Mais depuis que les associations se sont emparées de ce sujet hautement symbolique, les politiques ont pris grand soin d’en rester à des explications médicales.
Nora Berra , elle, ajoute une discrimination à une contre-indication. Elle ne s’était jusqu’ici pas beaucoup exprimé, mais en prononçant ces quelques mots, Nora Berra vient de commettre une véritable faute politique.
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