"A l'école, on me jetait des cailloux et on m'insultait": pour Jasen,
jeune collégien de 15 ans qui participe à la Marche des fiertés
lesbiennes, gay, bi et transsexuelles, la Gay Pride française, le thème
de l'école, choisi pour cette 7e édition, revêt un caractère
particulier."Ca a été difficile jusqu'en troisième. Après, les
gens mûrissent, les mentalités évoluent", explique-t-il avec un petit
sourire. Lunettes de soleil à larges bords blancs, talons hauts et
colliers de perles, son copain Jérémie, 19 ans, "fier d'être gay", a
subi la même discrimination "jusqu'au lycée"."Lorsque nous
rencontrons les collégiens, beaucoup pensent encore qu'un homosexuel
c'est une drag-queen à la Gay Pride. On peut aussi être homo 365 jours
par an, tout à fait normalement", affirme à côté d'eux Hugo, un des
responsables de l'association MAG (Mouvement d'affirmation gay), qui
intervient notamment en milieu scolaire.Quelques mètres plus
loin, après le passage de quelques drag-queens justement, des parents
tiennent fièrement une banderole portant l'inscription "dialogue entre
les homos et leurs parents". "Je veux des parents comme ceux-là!",
hurle une jeune lesbienne à leur passage.Au milieu de ballons
verts et jaunes, Christiane, 55 ans, mère "d'un fils homosexuel et
d'une fille lesbienne", agite sa pancarte: "notre fille est lesbienne,
pour nous ça baigne".L'association "Contact", dont elle fait
partie, intervient dans les collèges et lycées. "S'il y a
discrimination, c'est parce que personne ne leur a expliqué",
s'agace-t-elle.Beaucoup de jeunes sont venus participer à cette
marche festive dans les rues de Paris, entre Denfert-Rochereau (XIVe
arrondissement) et Bastille (XIe), qui a réuni 700.000 personnes selon
les organisateurs, 500.000 selon la police.Drapeau arc-en-ciel
-symbole homosexuel- sur les épaules, au milieu d'une foule s'agitant
au son de la musique techno, Clémence, 15 ans, avoue timidement "être
lesbienne". Mais dans son collège parisien elle n'en a parlé qu'à "une
ou deux copines, par peur d'être rejetée"."A l'école, il y en a
plein qui se replient sur eux, qui n'en parlent pas parce que sinon, au
mieux on ne leur parle pas, au pire on les tabasse", raconte Florent,
lycéen de 19 ans. Sur les trottoirs quelques jeunes garçons se moquent
du défilé: "Eh, Yacine, je t'ai vu, t'en es!".Hallyi, touriste
californienne de 34 ans, découvre avec surprise la Gay Pride
parisienne. Et en Californie, cela se passe mieux pour les jeunes
homosexuels à l'école?"Non, ce n'est pas accepté. On est
pourtant un Etat ouvert à l'homosexualité mais c'est encore difficile",
admet cette enseignante."Bien sûr qu'il y a du boulot à faire
dans les écoles", reconnaît pour sa part Catherine, talons hauts, boa
de plumes autour du coup et oreilles de lapin sur la tête, avant
d'ajouter: "Mais pour l'heure, on est là pour s'amuser!"
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